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Parole de chat

11 décembre 2006

Ma chef est une sorcière

Je sais, on va me dire que c’est normal, c’est son rôle de chef, et qu’en plus elle c’est une femme, qu’elle doit être d’autant plus salope pour se faire respecter (ce à quoi je ne crois pas une seconde)…

Mais je n’ai pas dit que c’était une salope, j’ai dit que c’était une sorcière, et je n’ai pas dis qu’elle se faisait respecter, puisque tout le monde la méprise ici. Mes collègues me plaignent beaucoup d’être sous ses ordres, et dans le bureau voisin du sien, ce qui lui permet d’être sur mon dos 14 fois par jours (en moyenne, calcul sur trois mois) pour me demander :

- De lui montrer comment faire un tableau world ;

- De lui apporter la feuille qu’elle a mise à imprimer sur la photocopieuse du bout du couloir

- Si je veux un chewing-gum

- Si je veux un taillefine

- Si ça va. Elle ça va pas du tout

- De modifier pour la 19ème fois le dossier de 30 pages qu’elle doit faire pour une réunion

- Si j’ai l’heure

- Si je suis stressée par la réunion de demain. Non ? Parce qu’il faut surtout pas hein… Elle elle est stressée par contre. Mais moi c’est pas pareil, je dois surtout pas stresser hein… (Ce qui tombe plutôt bien)

- Si j’ai vu Natalie, cette fainiasse, elle veut encore pas faire ce qu’on lui demande

- Si j’ai fini de calculer les budgets. Non ? Pas depuis 5 minutes ? Et comment ça se fait ?

- Qu’on se parle, quand même, un peu, merde

- Si elle peut me lire la lettre qu’elle va envoyer, que je lui dise si ça va

- Si j’ai vu Dominique, cette conne, elle a encore pas compris ce qu’elle devait faire

- Si on met un –s à compte ou à rendu….

Loé, avec sa sagesse habituelle, me dit que cette femme est folle, ou perverse, ou les deux, et que pour ça je ne dois surtout pas entrer dans son jeu. Que je ne dois pas le prendre pour moi, ni le prendre sur moi, que je dois m’en détacher. C’est pas toujours facile. Parfois je la hais. Parfois elle me fait juste pitié, tellement tout le monde autour d’elle la déteste comme moi, et tellement elle ne comprend pas pourquoi. Et parfois, quand je suis vraiment bien lunée, elle me fait juste rire.

Surtout quand elle m’accuse d’avoir un problème de « Maîtrise des relations professionnelles ». Elle aurait dit « personnelles », à la rigueur…

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10 décembre 2006

La ronde

"Mlle Printemps en fait beaucoup, trop de parfum, trop de couleurs, une vraie coquette ; elle plait à l’été qui la dépouille, l’été pèse, l’été s’impose, l’été l’avale ; Mlle Automne cache cette orgie et se peint, une dernière fois, avant que l’hiver ne la mette à nu ; Mlle Printemps en fait trop…"

7 décembre 2006

Pieds de géants

Le soir quand je rentre il fait déjà nuit. Mais les fenêtres de la journée sont ouvertes, et par elles entre un flot de lumière bleue sur mon petit monde… Depuis quelques jours pourtant, mon appartement est toujours éclairé, depuis que les décorations de Noël ont étés posées dans les rues. Alors je rentre, je n’allume pas, je m’assois sur mon fauteuil à côté de Loé, et toutes les deux nous admirons… La pluie sur les fenêtres, les lumières derrière, en petit points flous…

« C’est beau, non ? que je demande à Loé, toute niaiseuse…

- Tu rigoles ou quoi ? C’est quoi cette nouvelle mode de porter des jeans moulants jusqu’aux chevilles ? »

6 décembre 2006

Un choix à faire

Hier je subissais Nicolas Sarkozy à la télé. Loé lève une oreille à ces vociférations, la rabaisse aussitôt, signe nonchalant qu’elle va se montrer peste. En effet, ça ne manque pas :

« Pourquoi voulez-vous toujours les hommes en colère comme leader ?

- Sans doute parce que ces gens-là sont en colère, que je réponds, en insistant bien sur le ces gens-là (marre qu’elle nous mette tous dans le même panier…)

- Parce que la colère vous aveugle, vous choisissez un aveuglé ? »

Non, ça ne peut pas être aussi simple… Parce qu’on a peur, on va choisir la maman consolatrice ou le père fouettard ?

2 décembre 2006

Chez nous

Loé aime bien me voir écrire. Elle pense que c’est bon pour moi. Alors elle s’installe à sa place sur mon bureau, et m’observe de ces beaux yeux. Elle se la ferme même, pour quelques temps. Elle préfère me voir écrire que peindre, c’est moins salissant, ou que tricoter, parce que cette pelote de laine qui gigote c’est énervant, et qu’une fois m’est venue l’idée de lui faire essayer une de mes créations. Un traumatisme. Elle n’en parle plus, mais elle se méfie encore.

Mais le mieux c’est de loin la lecture, puisque je m’allonge sur le canapé, et qu’on peut pénardes profiter de la chaleur de l’une et de l’autre. Alors elle s’étire « Peut-être je vais me taper un petit roupillon… » avant de s’endormir en soupirant dans un dernier ronron.

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26 novembre 2006

Mélodie

"Où t’étais ? Qu’est-ce que tu faisais ? Je m’ennuyais… Alors... t’étais où encore ?"

Voilà la litanie qui m’attend tous les soirs… Ca dure 5 minutes, plus si je suis en retard sur l’horaire habituelle. Dans ce cas-là, la plainte devient colère, et c’est parti pour l’engueulade.

Loé est très possessive, c’est son défaut ça, pire qu’un mari jaloux. Elle accepte mes allers-retours tant qu’ils sont routiniers. Si je change d’un brin elle râle. J’ai parfois envie de répondre : "J’étais chez mon amant !", ce qui peut-être ferait réagir un mari jaloux, mais qui n’aurait qu’un effet modéré chez elle. Ma vie amoureuse elle s’en fout, elle me veut juste auprès d’elle parce qu’elle m’aime et qu’elle n’a que moi. Ca tombe bien c’est réciproque.

Je me demande parfois si un homme dans notre vie nous rendre plus indépendante l’une de l’autre. Ou un autre chat. Pas la place pour l’un comme pour l’autre, malheureusement. Et puis il nous faudrait changer nos petites habitudes. Pour quoi faire ?

19 novembre 2006

Sous les toits

Je vis dans un appartement convenable sous les toits, au beau milieu d’une ville trop grande pour moi. Je ne sors pas, j’ai peur de me perdre et de perdre mon temps. Tous les samedis, quand même, je vais à la bibliothèque emprunter le plus de livres possibles, et par là je regarde le monde. Il n’est pas toujours joli. Je le vois par la télé aussi, par là il est encore plus moche. Souvent Loé me demande ce que j’y vois, pourquoi je passe des heures devant l’écran, les yeux vides et la cervelle pareille, à m’énerver face à la stupidité du monde. Je réponds: parce que tout le monde le fait. Je suis déjà coupée de tous, je ne vais pas me marginaliser encore plus en me coupant du petit écran.

Loé vit très bien notre solitude à deux, mais parfois, pas souvent, mes amis me manquent.

Ils sont à 300km d’ici, alors je ne les vois que certains week-ends, quand les emplois du temps le permettent.

Je suis bien. J’ai un toit sur la tête, je suis au chaud, et il y des gens qui m’aiment, même de loin. Je me suis construit mon coin ici, sous les toits où je me refuge entre Loé et mes petites constructions. Je m’y trouve bien. Loé peut regarder les oiseaux par la fenêtre, sans leur faire du mal, et le chien du voisin, sans se faire peur. Elle regarde le monde passer. Elle a sa fenêtre sur la rue, j’ai ma télé et mes livres, ça suffit pour l’instant.

15 novembre 2006

Présentation

Loé et moi vivons seules, "comme les vieilles filles que nous sommes", selon elle. Nous sortons peu, nous nous satisfaisons de notre monde, peuplé de bougies, de coussins moelleux, de plantes vertes, de chants d’oiseaux, de mouches à pourchasser et de musiques à écouter. Il faut dire aussi que nous nous complétons à merveille. Je suis plutôt timide et taciturne, elle est vive et bavarde comme une pie. J’aime bidouiller tout un tas de « jolies » choses (du moins selon mes critères et ma belle subjectivité), voir des films, lire livres et magazines… Loé aime surtout ne rien faire du tout, juste observer, et commenter. Elle papote et je l’écoute, on ne s’ennuie jamais toutes les deux.

Bien sur il faut bien gagner sa vie, alors je me dévoue : j’abandonne Loé à sa fainéantise et je pars travailler chaque matin. Ca n’est pas de gaité de cœur, je préférerais de loin me préserver du monde, l’abandonner ou le sauver, plutôt que courir m’enfermer dans un bureau, devant un ordinateur qui ne donne sur rien d’intéressant. Mais il faut bien payer le toit et la gamelle. Et je ne me plains pas : payée 1300€ par mois pour m’isoler quelques heures par jour dans une pièce silencieuse, bien des chômeurs aimeraient avoir cette chance. Et puis je n’y rencontre pas grand monde, c’est déjà ça. Juste la sorcière...

Le soir quand je rentre, Loé m’attend à la porte, et comme elle n’a vu personne de toute la journée forcement elle cause. Beaucoup, fort et longtemps… Je l’écoute commenter tout et rien, et je reprends mes petites activités. C’est presque le bonheur.

Mais je viens de lui lire tout ça, et elle me rappelle que j’ai oublié un détail : Loé est une chatte. La voilà vexée maintenant.

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